D'accord Jphi, c'est mon anniversaire aujourd'hui.
D'accord Jphi, tu avais un sens de la déconne très éprouvé.
Mais quand même, m'offrir tes obsèques pour anniversaire, alors là...
Jean-Philippe, Jphi, Le miroir du Phaëton (puis Le Phaëton~avl), Ino gemmis, Fer à repasser... Egalement baptisé rapidement « boulet » par les Magentas, sa première équipe sur VR, et la mienne aussi par la même occasion... Boulet, il l'était, faut bien le reconnaître, en informatique.
Parce que pour le reste, mon colosse, tu étais loin d'être un boulet.
Je ne t'ai jamais rencontré, mais je te connaissais comme un frère. Un petit frère déconneur... La vie a fait qu'une mienne amie t'a rencontré, dans ton restaurant, aux Sables d'Olonne. Elle m'a raconté combien tu étais chaleureux, solaire, généreux... alors qu'elle n'était qu'une simple cliente se réclamant de moi ! A la fin du repas, mon amie a pris une photo, devant la mer, de ton épouse et toi et me l'a envoyée. Après trois ans de vie virtuelle commune, je mettais un visage sur un nom.
C'était en août dernier.
J'ai répondu à mon amie, qui m'invitait dans sa résidence secondaire aux Sables que, oui, il faudra qu'on passe un week end là-bas...
Jphi, tes emojis vont me manquer. Tous les matins, tu m'envoyais la petite main qui dit bonjour, et mon emoji (les ongles roses vernis) ; tous les matins, je t'envoyais la petite main qui dit bonjour, et ton emoji (le boulet). Quand nous faisions course commune, nous passions des heures à nous envoyer des messages, pour tracer notre route, nous transmettre les caps... En dehors des courses, nous nous contentions de la petite main qui dit bonjour, pendant plusieurs jours, voire plusieurs semaines. Parfois, on se racontait des trucs qu'on avait vus, des photos (couchers de soleil aux Sables, à Paris, ou ailleurs), des trucs qu'on lisait, des blagues. Oui, surtout des blagues... Bien nulles, bien trash, bien pourries... Et là, on s'envoyait des délires d'emojis qui pleurent de rires...
Jphi, on n'avait pas la même façon de naviguer, moi plutôt en trajectoires au cordeau, toi plutôt en grandes chevauchées. En fait, on était si différents, moi l'intello de gauche et toi l'entrepreneur pas-de-gauche ; moi qui déteste tant les jours qui raccourcissent et toi qui te complaisait dans la nuit ; moi la rationnelle et toi l'artiste qui accompagnait les feuilles de route de petits croquis ; moi qui suis comptable de ma vie et toi qui la brûlait par tous les bouts...
Jphi, je ne t'ai jamais vu en vrai, je ne t'ai jamais parlé en vrai (seulement dans l'urgence, on a dû se laisser un ou deux messages vocaux sur Whatsapp), mais tes emoji me manquent. Je regarde bêtement l'icône Whatsapp sur mon smartphone, en espérant un « bonjour Muse »... Je me rappelle d'une année où tu m'avais « offert » sur Whatsapp une station vapeur pour mon anniversaire, juste pour chambrer la féministe que je suis. Finalement, tu as réussi : je ramène Fer à repasser aux Sables d'Olonne, dans un ultime et dérisoire hommage à un ami que j'aurais tant aimé connaître.
Parfois, la vie est faite de regrets.